Le compagnonnage des plantes : synergies naturelles au jardin

Le compagnonnage des plantes : synergies naturelles au jardin

Le compagnonnage est une pratique horticole qui consiste à associer certaines plantes afin de favoriser leur croissance mutuelle, de les protéger des nuisibles ou d'améliorer la qualité du sol. Cette technique repose sur des interactions physiques et chimiques entre les espèces, permettant de créer un écosystème équilibré et productif.

 

Interactions physiques : soutien et protection

Un des exemples les plus emblématiques est celui des "Trois Sœurs", une technique pratiquée par plusieurs communautés des Premiers Peuples d'Amérique du Nord. Elle repose sur l'association du maïs, des haricots grimpants et de la courge :

· Le maïs sert de tuteur naturel aux haricots.

· Les haricots fixent l'azote dans le sol et stabilisent le maïs en cas de vents forts.

· La courge, avec ses grandes feuilles, couvre le sol, limitant l'évaporation et freinant la croissance des adventices.

 

Un autre exemple de compagnonnage physique est l'association entre les carottes et les pois. Les carottes protègent la base des pois du soleil et, comme elles sont récoltées plus tard, elles optimisent l'espace de culture sans concurrencer directement les pois.

 

 

Interactions chimiques : stimulation et inhibition

Les interactions chimiques entre plantes peuvent également jouer un rôle crucial. Par exemple, il a été prouvé que la présence du basilic à proximité (ou même juste l’huile essentielle de basilic) des plants de tomate favorise leur croissance et les rend plus résistants aux blessures.

 

Un autre exemple notoire est celui du Noyer (Juglans regia et Juglans nigra notamment), qui est un arbre connu pour produire un composé allélopathique appelé juglone. Ce composé chimique, présent dans les feuilles, l’écorce, les racines et surtout les coques des fruits, inhibe la croissance de nombreuses autres plantes à proximité. La juglone agit en perturbant la respiration cellulaire et l’absorption des nutriments, ce qui entraîne un dépérissement progressif des végétaux sensibles, comme les tomates, les pommes de terre ou les azalées. Certaines plantes, comme le maïs ou le sureau, y sont toutefois plus résistantes. Ce phénomène d’allélopathie confère au noyer un avantage compétitif dans son environnement, limitant la concurrence végétale sous son couvert.

 

Interaction avec les insectes bénéfiques et nuisibles

Les insectes jouent un rôle fondamental dans l'équilibre des cultures et le compagnonnage peut aider à encourager les pollinisateurs ou limiter les nuisibles en attirant les prédateurs naturels ou en éloignant les insectes indésirables. Par exemple, planter des Tagètes (aussi appelés œillets d'Inde, ou Vieux Garçons) autour des cultures repousse certains parasites, tandis que la lavande éloigne les pucerons et attire les pollinisateurs bénéfiques.

D'autres combinaisons ont des effets protecteurs contre les ravageurs. Ainsi, intercaler des plants de fenouil parmi les tomates peut réduire les dommages causés par Helicoverpa zea, une chenille nuisible. Toutefois, cette association peut diminuer le rendement global, le jardinier a donc des choix stratégiques à faire en fonction de ses priorités.

 

 

En combinant ces principes, les jardiniers peuvent créer un espace cultivé plus résilient et productif. La compréhension des interactions entre les espèces permet d'améliorer la qualité du sol, de réduire l'utilisation d’intrants de synthèse et d'optimiser l'utilisation de l'espace. Il y a de nombreuses fiches d’associations potagères disponibles en ligne, mais, l’environnement de chaque jardinier étant différent, il n’y a rien qui vaille faire des essais en utilisant l’information disponible pour ensuite adapter les principes généraux à vos conditions et pratiques particulières.

 

 Par Éveline

Jardinière, maraîchère et semencière

Laissez un commentaire